En France, où la prostitution est partiellement criminalisée, il est illégal d’acheter des services sexuels, mais légal pour une femme ou un homme de vendre des services sexuels. Et toute personne qui vend des services sexuels doit payer des impôts comme tout le monde. Mais de nombreuses personnes qui se prostituent – dont certaines se considèrent comme des « travailleuses du sexe » et estiment par conséquent qu’elles devraient bénéficier des droits et de la protection des travailleurs – ne sont actuellement pas éligibles à l’aide publique au revenu, bien qu’elles aient vu leurs revenus disparaître à la suite du verrouillage national de COVID-19.
Les organisations de travailleurs du sexe appellent désormais le gouvernement à créer un fonds d’urgence pour aider les plus vulnérables d’entre eux à survivre à la crise. Comprendre la politique actuelle de la France en matière de prostitution permet d’expliquer pourquoi il est peu probable que l’État accepte.
Comme de nombreux pays, la France a mis en place des mesures sans précédent pour lutter contre la propagation du Covid-19 : les citoyens sont tenus de rester à l’intérieur et d’éviter tout contact social, et toutes les entreprises non essentielles ont soit fermé, soit opté pour le travail à domicile. Pour les personnes se livrant à la prostitution, ces nouvelles règles ont entraîné une importante perte de revenus, car les travailleurs du sexe et leurs clients s’isolent chez eux.
En 2016, une loi a été introduite pour interdire l’achat mais pas la vente de services sexuels. La loi a été conçue pour signaler la conviction de l’État que la prostitution est une forme de violence contre les femmes et contraire à la dignité humaine.
Mais les groupes de santé communautaires ont critiqué la loi, estimant qu’elle renforçait la stigmatisation et la vulnérabilité des personnes travaillant dans la prostitution. Ils affirment que les travailleurs du sexe, et notamment ceux qui sont particulièrement vulnérables, comme les migrants sans papiers et les personnes souffrant de toxicomanie, ont dû adopter des pratiques de travail de moins en moins sûres pour survivre. La concurrence pour un nombre réduit de clients, dont certains exigent des conditions risquées comme des rapports sexuels non protégés, rend les personnes plus vulnérables. Le fait de devoir se cacher de la police pour protéger leurs clients expose également les travailleurs du sexe à une violence accrue.
Récemment, des organisations humanitaires ont mis en évidence l’insécurité croissante que vivent les travailleurs du sexe qui ne peuvent plus travailler en raison des nouvelles mesures d’enfermement. Des rapports ont fait état de travailleurs du sexe expulsés de leur domicile parce qu’ils ne peuvent pas payer le loyer, et moins de personnes vulnérables font appel aux organisations de santé communautaire pour obtenir de la nourriture ou une aide médicale. Il ne s’agit pas d’un problème spécifique à la France et des situations similaires ont été signalées dans le monde entier, y compris au Royaume-Uni.
Travailleurs de l’ombre
En réponse à la fermeture du COVID-19, l’État a accepté de subventionner jusqu’à 84 % du salaire des employés et a mis en place une subvention de 1 500 euros par mois pour les indépendants. Les travailleurs du sexe qui ont le droit de vivre et de travailler en France et qui sont enregistrés comme indépendants peuvent prétendre à ces programmes.
Cependant, toute personne travaillant illégalement, dans ce que l’on appelle l’économie « souterraine » ou « de l’ombre », est exclue des prestations pour travailleurs, y compris de l’aide au revenu, bien qu’elle soit tenue de payer des impôts. En France, toute personne qui gagne de l’argent par des moyens légaux ou illégaux doit payer des impôts. Cependant, seuls ceux qui travaillent légalement bénéficient des prestations sociales, y compris de la nouvelle aide au revenu COVID-19. Visitez le lien suivant pour rencontrer des escorts à Genève.
C’est un paradoxe : tout le monde travaille, tout le monde paie des impôts (en théorie), mais seuls certains bénéficient des droits et de la protection des travailleurs. Dans la situation actuelle, tous ceux qui travaillent dans l’économie souterraine perdent leur emploi mais ne bénéficient d’aucune prestation. Cela signifie que toutes les mesures d’atténuation introduites pour aider les gens à avoir un revenu pendant le confinement sont inutiles pour une partie de la population.
Le problème soulevé par les groupes d’activistes est que cela poussera les travailleurs du sexe vulnérables à continuer à travailler pour gagner de l’argent et mettra en danger les mesures de santé publique puisqu’ils ne pourront pas accéder à une aide au revenu. Ces organisations font valoir que la création d’un fonds d’urgence pour les personnes dans cette situation leur permettrait de rester chez elles et de s’isoler sans devenir indigentes.
Bien que les chiffres exacts soient difficiles à déterminer, on estime à 30 000 le nombre de personnes se livrant à la prostitution en France, dont 93 % seraient des étrangers (en situation régulière ou non), et dont beaucoup sont vulnérables et ne peuvent bénéficier d’aides publiques.
Des groupes de santé communautaires et des organisations de travailleurs du sexe ont commencé à collecter des fonds pour aider les personnes les plus démunies. Ils ont également écrit au président français Emmanuel Macron pour obtenir des fonds d’urgence afin de soutenir les travailleurs du sexe pendant la fermeture, car ces organisations ne sont pas en mesure de répondre à la demande d’aide.
Les députés ont également écrit à Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, pour souligner la situation critique des travailleurs du sexe pendant la crise. Tous affirment que le soutien de l’État est vital pour garantir que les personnes vulnérables ne soient pas obligées de sortir de l’enfermement pour gagner de l’argent, se mettant ainsi en danger et mettant les autres en danger.